Faire le lien entre pratique sportive et santé mentale
La santé mentale a été désignée Grande Cause nationale en 2025 et succède à l'activité physique et sportive, impulsée par les Jeux olympiques et paralympiques de Paris durant l'été 2024. Vincent Roger, délégué ministériel en charge du sport-santé (et anciennement en charge de la Grande Cause nationale 2024) est revenu sur le rôle de cette Grande Cause nationale : donner de la visibilité au sujet retenu pour développer une prise de conscience collective. Il a rappelé qu’en 2024, 3 000 événements sportifs avaient été organisés sur l’ensemble du territoire français pour évoquer cette cause du sport.
En 2025, l’objectif est de faire le lien entre les activités physiques et sportives et la santé mentale. D’après une étude de l’Ifop portant sur le rapport des Français au sport et à la santé (pour le compte d’Allianz dans le cadre des JOP 2024, 93 % perçoivent les bienfaits de l’activité physique et sportive pour leur santé, tandis que 69 % notent des effets positifs sur leur bien-être mental et/ou diminution du stress.
La vision des professionnels de santé
Par la suite, le docteur François Carré, médecin du sport et cardiologue, mais aussi président du collectif « Pour une France en forme » ainsi que le professeur Olivier Dupuy, Docteur en physiologie de l’exercice et spécialiste des liens APS-cerveau, ont donné leur avis de spécialiste.
Le premier a notamment insisté sur le fait que la pratique physique et sportive représente le premier traitement contre la dépression ainsi que pour les pathologies légères à modérées. Il a même donné l’exemple de certains établissements de santé proposant une activité physique obligatoire à ses patients, entraînant une diminution du traitement médicamenteux ordonné.
Le second a évoqué le rôle de l’activité physique et sportive contre le surmenage, l’anxiété et la dépression. Il a également rappelé que si dans les années 70, la science était surtout centrée sur les pratiques d’endurance (marche, course) pour développer les capacités cardiovasculaires, désormais d’autres activités sont prises en compte pour développer la partie cognitive comme la danse ou le tai-chi par exemple.
De plus, de manière générale, la formation des professionnels de santé reste insuffisante, tout comme la reconnaissance institutionnelle de l'activité physique comme traitement préventif ou thérapeutique.
L’exemple du tennis de table
Audrey Cariat, chargée de mission formation et santé à la Fédération Française de Tennis de table (première fédération sportive à mission) a pris l’exemple du ping santé mis en place depuis 2018. Il permet d’ouvrir la pratique aux personnes touchées par certaines maladies chroniques. Grâce à des éducateurs formés, les séances sont adaptées selon les besoins et le niveau des participants, le tout dans un cadre bienveillant. Pour l’instant, une centaine de clubs proposent le ping santé, à raison d’un à deux créneaux hebdomadaires.
Sport et santé : un levier sous-exploité
Les études démontrent aussi un lien direct entre activité physique et performance scolaire, avec un impact mesurable sur la mémoire, l’attention et la neuroplasticité. Malgré cela, l’Éducation nationale et l’Assurance maladie n’en font pas encore une priorité. Les enseignants en EPS et les éducateurs sportifs doivent être mieux formés aux besoins spécifiques, notamment en santé mentale.
Le sport n’est pas un coût mais un investissement, comme le rappellent plusieurs experts qui estiment que chaque euro investi génère jusqu’à deux euros d’économies en soins. Il est donc urgent de structurer l’offre, former les acteurs et mobiliser les décideurs.