Dans un contexte où la transition écologique rebat les cartes de l’aménagement paysager, la création de l’École supérieure de jardin (ESJ) par l’École nationale supérieure de paysage (ENSP) marque un tournant. Pensée comme une école d’excellence et de terrain, elle a vocation à combler un vide dans le paysage de la formation : celui des professionnels du jardin capables de conjuguer expertise horticole, sens artistique et maîtrise écologique.

Une filiation prestigieuse

L’ESJ prend racine dans un lieu chargé d’histoire : le Potager du Roi, site classé, en production continue depuis 340 ans. C’est ici que Jean-Baptiste La Quintinie instruisait les jardiniers du Roi Soleil. Depuis, ce lieu a vu naître plusieurs grandes écoles d’horticulture. L’ESJ s’inscrit dans cette continuité, tout en répondant aux défis contemporains : réchauffement climatique, pénurie de main-d’œuvre qualifiée, nouvelles attentes sociétales.

Une pédagogie par le projet, sur site

Fidèle à la méthode éprouvée de l’ENSP, l’enseignement repose sur la pédagogie du projet, croisant théorie et pratique. À Versailles comme à Marseille, les élèves travaillent sur des sites d’exception : château de Versailles, Domaine du Rayol, Jardins de Salagon, potager de Gilles Clément, Villa Médicis à Rome… Le cursus propose des formations longues, comme le diplôme de Maître Jardinier (niveau Bac+3), mais aussi des parcours en reconversion, des certificats spécialisés (jardiner le paysage méditerranéen) et des stages courts pour entretenir ou faire évoluer ses compétences.

Répondre à une demande forte du secteur

Avec 220 000 actifs dans le paysage et une pénurie à tous les niveaux de qualification, la filière jardin manque cruellement de professionnels aguerris. Les parcs historiques, jardins remarquables, domaines privés ou espaces publics recherchent des profils formés aux savoir-faire anciens autant qu’aux enjeux écologiques. Les métiers évoluent : il s’agit moins de dominer la nature que de dialoguer avec elle. L’ESJ vise à structurer enfin une filière de formation complète, de l’infra-bac au post-master, en valorisant des compétences aussi rares qu’essentielles.

Un projet soutenu et structurant

Portée par le ministère de l’Agriculture, l’ENSP, le Campus Versailles et mécénée par la Fondation Diptyque, l’ESJ ambitionne de faire du jardin un véritable vecteur de transformation des territoires. En formant des praticiens auteurs, sensibles, techniques et créatifs, elle redonne toute sa place au jardin dans la fabrique du cadre de vie.